Type de texte | source |
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Titre | Von der Gratie in den Werken der Kunst |
Auteurs | Winckelmann, Johann Joachim |
Date de rédaction | 1764 |
Date de publication originale | |
Titre traduit | De la grâce dans les ouvrages de l\'art |
Auteurs de la traduction | Jansen, Hendrick Huber, Michael |
Date de traduction | 1786 |
Date d'édition moderne ou de réédition | |
Editeur moderne | |
Date de reprint |
La grace est ce qui plaît à l’esprit. L’idée de ce mot est fort étendue, puisqu’elle peut être appliquée à tout ce qui sort de la main de l’homme. La grace est un don du ciel, mais qui n’est pas de la même espèce que la beauté ; car elle ne fait qu’annoncer la disposition qu’ont les objets à être beaux. La grace se forme par l’éducation et par la réflexion ; elle peut même devenir naturelle à l’homme, qui semble fait pour la posséder. Elle fuit toute espèce d’affectation et de contrainte ; mais il faut cependant du travail et de l’attention pour parvenir à la connoître dans les productions de l’art. Elle agit dans le calme et dans la simplicité de l’ame ; tandis que le feu des passions et de l’imagination l’obscurcit. C’est par elle que toutes les actions et tous les mouvemens de l’homme deviennent agréables, et elle règne avec la plus grande puissance dans un beau corps. Xénophon en fut doué ; c’est par elle qu’Apelle et le Corrège ont embelli leurs chefs-d’œuvre ; elle est répandue généralement sur tous les ouvrages de l’antiquité, et s’y fait sentir même dans les productions médiocres ; mais Thucydide et Michel-Ange ne la connurent et ne la cherchèrent jamais.